Interview de Yarol Poupaud

« Je suis vraiment accro à la scène »

Bonjour et merci pour le temps que vous consacrez à répondre à quelques-unes de nos questions.
Vous vous produirez jeudi 20 juillet à Vinassan dans le cadre de la 13e édition de la Tempora du Grand Narbonne, festival itinérant qui fera escale dans 12 communes cet été. Pouvez-vous rappeler un peu à nos lecteurs votre riche parcours en quelques mots ?

Je suis musicien, guitariste, chanteur aussi, ça fait une trentaine d’années que je fais ce métier. J’ai démarré avec un groupe de rock/funk qui s’appelle FFF, avec lequel on a sorti cinq albums et fait beaucoup de concerts dans les années 90. D’ailleurs, la grande nouvelle c’est qu’on est retourné en studio pour enregistrer un nouveau disque, après un break discographique d’une vingtaine d’années. On a toujours continué à faire des concerts ensemble, mais on n’avait pas sorti d’album depuis vingt ans, donc là on a rattrapé le temps perdu, c’est la reformation de FFF. Il sortira début 2024.

Sinon, j’ai travaillé avec plein de gens, parce que j’aime bien découvrir des horizons musicaux qui ne sont pas forcément ceux dans lesquels j’ai l’habitude d’évoluer. Je suis allé travailler avec des musiciens en Jamaïque, à Kinshasa en République démocratique du Congo aussi, avec des musiciens africains fantastiques. J’ai bossé avec des gens dans la musique électronique, avec des groupes de punk rock, j’ai multiplié les expériences. Et j’ai été guitariste et directeur musical de Johnny Hallyday de 2011 à son décès fin 2017.

Vous avez été amené à travailler avec beaucoup d’artistes mais également à en faire émerger un certain nombre, dans le cadre par exemple du festival Passe ton bac d'abord ou de votre participation à l’émission Nouvelle star : que retenez-vous de ces aventures ? La transmission est-elle une composante importante dans votre trajectoire ?

Oui c’est essentiel carrément. En plus, je suis aussi producteur et j’adore justement avoir une oreille tendue vers ce qui se passe aujourd’hui, vers ce que peut proposer la nouvelle génération, comment le rock’n’roll évolue… J’ai toujours été à l’affût de nouveaux groupes, de nouveaux artistes.

J’ai effectivement travaillé aux côtés de Philippe Manœuvre dans les années 2000, pour toute cette scène de jeunes rockeurs qu’on a appelé les baby rockeurs, c’était un moment très excitant, c’était complètement dingue cette période.

J’ai aussi participé au jury de la Nouvelle Star. Il se trouve que j’ai fait comme un travail de producteur, de dénicheur de talents. C’était très amusant à faire.

Votre dernier album, Fils de personne, contient 12 reprises en hommage à Johnny Hallyday, avec qui vous avez eu une longue collaboration. Pouvez-vous nous parler de votre relation avec lui ?

C’était une relation basée essentiellement sur le travail, sur l’amour du rock’n’roll, sur l’amour de la scène. Je l’ai rencontré à une période où il avait envie de remonter sur scène après avoir eu des problèmes de santé, qui l’avaient tenu un peu à l’écart pendant un moment, donc il avait très envie d’en découdre. Je pense que c’était une période de sa vie où il avait très envie de revenir à des sensations sur scène, un peu plus proches de ce qu’il pouvait faire dans les années 60-70, c’est-à-dire un rock un peu plus rentre-dedans, un peu plus direct, un peu plus organique que certains autres shows qu’il avait pu proposer au début des années 2000. Donc on s’est bien entendus là-dessus.

Et puis ensuite évidemment, par la force des choses, c’est aussi devenu un ami et on a passé beaucoup de temps ensemble sur scène et en dehors de la scène.

Parmi toutes les facettes de votre carrière musicale : composition, interprétation en solo, en groupe, production : si vous deviez n’en choisir qu’une, ce serait laquelle et pourquoi ?

Ce que j’aime dans ce métier c’est justement la diversité de mon emploi du temps, c’est-à-dire que le travail qu’on peut faire autour d’une guitare ou d’un piano pour composer une chanson, ensuite le travail en studio pour l’enregistrer, la produire, la mixer, ça n’a rien à voir, puis partir la jouer sur scène c’est encore autre chose…

Alors si je ne devais choisir qu’une seule de ces activités, je prendrais la scène. Je prendrais le contact direct avec le public, je prendrais les sensations qu’on a sur scène. J’adore franchement le travail en studio, j’adore la composition, je ne pourrais pas m’en passer, mais la scène c’est vraiment une drogue. Moi je suis vraiment accro à la scène, il y a un truc assez dingue avec ça.

Finalement, plutôt funk ou plutôt rock ?

C’est le mélange de tout ça qui m’intéresse. Le rock c’est déjà une musique complètement hybride, il ne faut pas oublier que le rock’n’roll, à la base, c’est un mélange de rythm and blues, de country, de plein d’influences, de musiques des blancs, de musiques des noirs, c’est ça qui a donné naissance au rock’n’roll. J’aime le mélange de ces musiques, j’aime la diversité. Je suis pas du tout un puriste, et attention, certains font ça très bien. Mais dans ce que je fais moi, ça ne m’intéresse pas, j’ai envie d’essayer des nouveaux trucs, des nouveaux sons, de nouvelles sensations.

Ça s’entend peut-être moins sur mon dernier album Fils de personne, parce que c’est un hommage à Johnny et c’est un hommage aussi au rock’n’roll des pionniers, donc c’est vraiment un disque très rock. Mais si vous écoutez l’album que j’ai sorti juste avant, qui s’appelle Hot Like Dynamite, c’est un album qui va un peu plus dans tous les sens, dans lequel il y a vraiment beaucoup plus d’influences, évidemment de rock, de funk, voire de morceaux un peu plus pop.

La programmation de la Tempora est ouverte également aux musiques du monde, celles-ci vous influencent-elles ? Des artistes en particulier ?

Oui, moi j’en ai toujours été fan. Les musiques du monde on en fait partie, le rock’n’roll en fait partie. Moi je suis un grand fan des musiques africaines. Je n’aime pas dire « la » musique africaine parce que c’est un continent, c’est tellement varié, il y a tellement de styles musicaux différents... Ce qui se passe au Mali ça n’a rien à voir avec ce qui peut se passer au Nigéria, qui n’a rien à voir avec ce qui peut se passer au Congo, en Afrique du Sud…

Il y a des musiciens qui m’ont complètement fait flasher, je pense en premier lieu à Fela Kuti qui était vraiment un musicien extraordinaire, je suis un fan inconditionnel. Et puis dans les gens un peu plus récents, je suis allé travailler plusieurs fois à Kinshasa avec Jupiter & Okwess, et franchement c’est un groupe fantastique, une énergie dingue, c’est vraiment des rockeurs. Je suis d’ailleurs parrain d’une école de musique à Kinshasa, qui aide les jeunes enfants dans le besoin, qui ont envie de faire de la musique, on leur met à disposition des instruments, des cours de musique, du matériel pour s’enregistrer…

Et puis à côté de ça, je suis très fan aussi du reggae évidemment, mais j’aime beaucoup aussi les musiques brésiliennes, des années 60-70, il y a des trucs fantastiques. Alors on pense à la bossa nova mais il y a d’autres trucs un peu plus psychés, un peu plus barrés, dont moi je suis très fan.

Je suis toujours curieux et très à l’écoute de ce qui se passe musicalement dans le monde entier.

Avez-vous des projets à venir qui ouvrent sur les musiques du monde, et plus généralement pouvez-vous nous révéler quels sont vos futurs projets ?

Là, le grand projet, c’est cet album avec FFF, qui doit sortir début 2024.

Ensuite il y a le groupe que je produis, The Odds, puis je suis en tournée tout l’été.

En parlant de musiques du monde, je participe à un festival à Confolens en Charente, un festival de folklore du monde entier, et je fais une création avec des artistes qui viennent des quatre coins du globe. Il y a des Argentins, des Lettons… C’est un carrefour d’échanges et de rencontres internationales autour de la musique et de la danse. Ce sera le 14 août, si des Grand Narbonnais sont dans le coin à ce moment-là !

Et puis à la rentrée, on continue avec FFF et la sortie de l’album, et puis sur les routes l’année prochaine !

 

Merci pour votre temps et au plaisir de vous accueillir bientôt dans le Grand Narbonne !

Dernière mise à jour le 30/06/2023

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